Écrire, c’est pactiser avec une obsession

Écrire, c’est pactiser avec une obsession

On n’écrit pas une histoire parce qu’on a une idée.
On écrit une histoire parce qu’une idée vous possède.
Parce qu’elle vous suit dans les rues, vous réveille la nuit, vous fait entendre des phrases que vous n’avez pas encore écrites.
L’écriture, pour moi, commence toujours par une obsession. Pas une inspiration. Une fixation.
Un thème qui vous serre, une vision qui s’incruste dans vos cellules.

Le sang sous la surface

La Plume écarlate n’a pas commencé par une image, ni par un personnage. Elle a commencé par le sang.
Un sang symbolique, intérieur, invisible parfois.
Un sang qu’on cache sous les mots, sous les bonnes intentions, sous les apparences.

J’ai d’abord pensé à un vampire. C’était une piste logique. Tentante. Mais aussi trop évidente.
Je ne voulais pas écrire une histoire de vampire. Je voulais que le sang soit là sans être nommé, comme une présence, comme une mémoire. Un motif souterrain.

Et puis il y avait Venise.
Ville en suspension. Ville de reflets, de duplicité, de lente agonie aussi.
Je savais que c’était là que cela devait se dérouler. Parce qu’à Venise, rien n’est jamais ce qu’il paraît, et tout est empreint d’une beauté légèrement pourrie.

Le sang, à Venise, est toujours contenu. Dans les marbres. Les masques. Les canaux. Il attend son heure.

Quand la fiction devient glissement

Ce que je cherche dans l’écriture, ce n’est pas de raconter une histoire. C’est de faire glisser le réel.
De faire croire que tout est normal… jusqu’à ce qu’un détail déraille. Un regard trop long. Un mot trop précis. Une coïncidence trop parfaite.

C’est là que la faculté X entre en jeu.

Je l’ai découverte dans les textes de Colin Wilson. Il parlait d’une capacité latente de l’esprit humain : une forme de perception élargie, capable de traverser les couches de réalité. Une intuition structurée. Une conscience sans les œillères.

Écrire, pour moi, c’est tenter d’évoquer cette conscience.
Sans la nommer. Sans l’expliquer. Mais en la laissant vibrer dans la structure du récit.
Un personnage qui devine. Une scène qui répète un rêve. Une question qu’on ne pose pas. Et tout bascule.

Stephen King fait cela à la perfection dans Billy Summers, ou 22/11/63.
Maxime Chattam le frôle dans Lux, lorsqu’il explore la lumière intérieure comme force tangible.
Ce ne sont pas des histoires de magie. Ce sont des histoires d’éveil.

Écrire pour écouter ce qui insiste

Je reconnais qu’un texte est pour moi quand il commence à me déranger. Quand il revient sans raison. Quand un mot, une scène, une voix ne veut plus me laisser tranquille.

Alors je l’écris.
Pas pour le plaisir. Pas pour « faire un livre ».
Je l’écris parce que je n’ai pas le choix.
Parce qu’il faut parfois écrire pour que l’obsession s’apaise.

Et toi, quelle est ton obsession fondatrice ?

Un lieu. Une image. Un traumatisme. Un secret de famille. Une phrase entendue il y a vingt ans.
Peut-être qu’un personnage t’habite depuis toujours sans que tu lui donnes enfin le droit d’exister.

Ce n’est pas l’idée qui fait une histoire.
C’est la force avec laquelle elle revient.

Et si ton obsession, cette fois, n’était pas là pour te tourmenter…
Mais pour t’indiquer exactement où tu dois écrire ?

Je t’invite à me raconter la tienne.
Je te lirai.

Marina

Je m’appelle Marina Bergamelli. J’ai toujours écrit. Par besoin, par survie, par lucidité. J’ai aimé trop fort, douté trop longtemps, compris un peu tard — mais écrit, toujours. Après des années à me débattre entre les mots et la vie, j’ai décidé d’en faire un métier. Aujourd’hui, j’accompagne celles et ceux qui veulent écrire la leur — histoire, roman, biographie. Parce qu’écrire, c’est reprendre la main. Parce que chaque récit mérite d’exister. Et parce que je sais ce que c’est que de chercher ses mots dans le noir.

Laisser un commentaire